a daydream away (carter)

Tu soupires. C'est fatiguant à la longue de faire semblant que tout va bien alors que tout s'écroule. Enfin, quand tu dis tout, tu parles surtout de ta vie de couple, ta vie de futurs mariés. Il y a quelques jours, t'étais sûre de pouvoir lui dire oui sur l'autel. Aujourd'hui, tu n'es plus sûre de rien. Entre l'arrivée de Dolly dans votre foyer et la sensation étrange que quelque chose t'échappe, tu perds pieds, tu coules. T'essaies de te sortir la tête de l'eau, de tenir ta respiration, mais ça t'étouffe, c'est de plus en plus dur. Ça te fait mal dans la poitrine.
Une bouteille de vin dans une main et un sac de plats chinois dans l'autre, tu te diriges vers ta bouée de sauvetage. La lueur d'espoir dans le noir. Un ami précieux depuis les années. Tu vas voir Carter pour lui demander conseils ou juste pour te changer les idées, tu ne sais pas encore. T'as juste pas envie d'être seule pour ta pause déjeuné. Tu passes l'entrée de son entreprise. Tu salues la personne à l'accueil qui te reconnait. Tu demandes si Carter est là et s'il n'est pas en réunion. Elle te dit que non. Tu empruntes l'ascenseur jusqu'à son étage. Le bâtiment de Vogue et celui de Carter ne sont pas loin. Il vous arrive de vous croiser sans que ça soit prévu. C'est toujours un plaisir de le voir. Carter, c'est quelqu'un avec qui tu peux être naturelle, quelqu'un qui te comprend. Tu frappes à sa porte avant de l'ouvrir pour ne laisser passer que ta tête. « Je ne te dérange pas ? » Tu lui souris et lui montre le fruit de tes emplettes. « J'ai pris ton vin préféré. » que tu ajoutes rapidement.

Tu souris à ton ami avant de te glisser dans son bureau en refermant la porte derrière toi. Tu aurais du t'y attendre, mais la fameuse question sur ton état arriva. T'aurais du t'y préparer, c'est une question de politesse commune après toi, mais elle te déstabilise un peu. Tu ne saurais pas par où commencer. Tu poses tes emplettes sur le bureau de Carter avant de t'installer sur le siège en face de celui-ci. « Franchement, ça pourrait aller mieux, mais on fait avec. Et toi ? » Tu lui souris parce que c'est ce que tu fais toujours, tu te voiles la face. Tu ne sais pas pourquoi tu fais avec Carter, c'est un bon ami, un homme d'affaire qui comprend que parfois le business passe avant la vie, qui est tout aussi occupé que toi. En vérité, il n'y aurait peut-être personne de mieux placer pour te comprendre que lui, même Eleanor, bien qu'elle soit ta meilleure amie et que tu partages tout avec elle, tu n'as pas l'impression qu'elle saisisse les enjeux constants de ta vie. Tu déballes les plats, tu fais comme si de rien n'était, même si tu étais venue pour te confier à la base, tu ne t'y sens plus le coeur. T'as l'impression de ne faire que ça. T'es passée voir El pour ça, avec Dolly, tu n'arrêtes pas de l'accabler pour toutes les stupidités qu'elle fait (et Dieu sait qu'elle en fait une tonne). T'en as assez de te plaindre, de chercher du réconfort là où personne ne pourra vraiment t'en donner. T'aurais besoin qu'Ayden soit là pour te convaincre que tu te fais du soucis pour rien, qu'il n'a pas changé avec toi, que la présence de cette blondasse chez vous ne perturbe pas votre couple et surtout, qu'il te rassure sur son amour pour toi.

Tu te rends compte que le problème est toujours le même et que tout revient sur Ayden. Ayden, Ayden, Ayden. Toujours le même brun avec ses yeux ténébreux, son sourire à tomber par terre et ... « Comment t'as su que ton partenaire était le bon pour toi ? » Tu lâches ça comme une bombe, sortie de nulle part. Tu fronces les sourcils, perdue dans ta propre réflexion. « Je veux dire, c'était quoi le signe ? C'était quoi le déclic ? » Tu te poses des questions sur ton couple depuis qu'il est revenu d'Angleterre, peut-être que t'aurais du partir avec lui, peut-être que vous seriez toujours aussi stupides et amoureux. C'est plus pareil. Tu l'aimes mais ... tu l'aimes par habitude.