Heavy Dirty Soul

Arrêt sur image. Dans la tête du gamin tout s'arrête, la scène reste en suspend, il est pas sûr d'avoir tout intégré. Il regarde son père, le nez en sang. Puis sa mère, le cendrier ensanglanté encore en main. Et enfin le couteau qui repose désormais au sol. « DÉGAGES ! » C'est la première fois qu'Asher entend sa mère crier, la première fois qu'il la voit faire quoi que ce soit à l'encontre de son père. Celui-ci même qui ne répond pas, qui reste planté là comme un con, jusqu'à ce que la femme, la folie brulant dans son regard azur, ne le menace de son arme. « DÉGAGES CONNARD ! » Asher reste tétanisé, encore sous le choc. La dernière image de son géniteur restera les cicatrices sur ses joues, sourire de Glasgow qu'il a voulu lui offrir à son tour, comme punition pour une énième mauvaise note. Le gamin a pas dix piges, voit sa vie se barrer en couille, comme si elle avait pas été déjà assez fucked up avant ça. Il verse pas une larme. Il bouge pas, sursaute juste lorsqu'il entend le cendrier s'écraser au sol. Puis il sent les bras de sa mère l'entourer, elle le berce tendrement, murmure à son oreille des paroles qu'il est incapable d'entendre, le cerveau complètement déconnecté. Et puis le cours du temps reprend, Ash se détache de sa mère avec violence, et s'enfuit. Il va pas se réfugier dans sa chambre comme il en a l'habitude, comme à chaque fois que son père hurlait trop fort, ou commençait à cogner. Non, il préfère la rue cette fois, le froid qui lui mord la peau, la nuit qui le happe en quelques minutes. Les démonstrations d'amour il connaît pas, il sait pas gérer. Sa mère n'a été qu'une présence fantomatique toute sa vie, et là tout de suite, il peut pas tout encaisser. Son père parti. Sa mère enfin réveillée. Ça fait trop d'un coup, trop pour son corps frêle de gosse, qui comprend rien à la vie. Il perd tous ses repères, même les plus malsains, et ça lui donne le tournis, le goût amer de la bile qui lui remonte dans la gorge. Il voit pas toutes les retombées que ce geste de défense va avoir. Il se rend pas compte que sa vie va être complètement chamboulée, et que dans cette histoire il aura pas son mot à dire.


« Mais bordel, j'en ai rien à foutre ! » Il a trois poils au menton et se prend pour un grand. Quinze piges au compteur, la clope entre les doigts, le skate sous les pieds au beau milieu du couloir. Le respect est absent, sûrement oublié à Glasgow quand ils en sont partis pour venir vivre à Byron Bay. L'adolescent qu'on a déraciné pour lui offrir un semblant de vie normale. C'est pourtant raté... La mère et le fils ont vécu cinq ans chez une tante, Ash partageant sa chambre avec ce cousin qu'il a détesté dès l'instant où il a vu sa sale tronche. Par principe sûrement, juste histoire de faire chier. Ou alors pour montrer qu'il était pas content de devoir quitter son Ecosse natale, pour cette Australie qu'il ne connaissait pas. Monsieur j'en glande pas une à l'école, je sèche pour aller skater avec les potes, sans aucun complexe, sans même essayer de le cacher à ma mère ! Véritable tête à claques incontrôlable, que sa génitrice ne cherche même plus à cadrer. C'est une cause perdue à ses yeux, un déchet de la société de plus, un animal blessé qu'il ne faut surtout pas approcher. Elle a compris que tant qu'elle allait dans son sens, Ash ne faisait pas trop de vagues. Certes il gueule, joue les rebelles, mais pour l'instant à part sécher quelques cours, fumer un peu d'herbe, écrire ACAB sur les murs et boire des bières, il n'a rien fait de si grave... Alors autant ne pas le pousser, parce qu'il aura beau clamer le contraire, Asher c'est le portrait craché de son père, et sa mère ne sait que trop bien comment il fonctionne. Un jour, il reviendra à lui. C'est ce qu'elle se répète inlassablement dès qu'elle le voit sortir de la maison et qu'elle sait qu'il n'ira pas au lycée aujourd'hui encore... Si seulement elle avait raison.


Il est devenu un homme. Ouais enfin en théorie quoi. Faut pas trop lui en demander non plus. Viré du lycée en dernière année après avoir craché à la gueule d'un prof. Ironiquement, ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase... Il a glandé plusieurs années après. Il a enchaîné des jobs sans envergure, n'y mettant jamais du sien, finissant toujours par se faire virer. Mais faut dire qu'il s'en foutait un peu, passant son temps à Brisbane, histoire de dealer son herbe, dévalisant des petits magasins quand l'envie lui prenait. Mais voilà, la mauvaise graine vient de merder grave. Asher est assis au commissariat et cette fois il sent bien qu'il ressortira pas d'ici quelques heures, avec une simple tape sur les doigts pour seule punition. Ça pue, il le sait. « T'es vraiment trop con, Ash... vraiment trop con ! » Qu'il arrête pas de se répéter, réfrénant son envie de se fracasser le crâne contre la table en inox brillant. La porte s'ouvre, la silhouette féminine qui se dessine, Asher la connaît que trop bien. Le soupire qui emplit la pièce, aussi, pour l'avoir entendu ce qui lui semble être un bon millier de fois déjà. Pourtant cette fois, il en mène pas large le McKenzie. Mal à l'aise sur cette chaise, qui aurait presque la trace de son cul tellement il l'a squattée depuis qu'il a débarqué à Byron Bay. « Asher, cette fois-ci, tu es aller trop loin. » La phrase lui tombe sur les épaules, l'enfonçant un peu plus sur son siège. Il en a parfaitement conscience, mais c'est à cet instant précis, qu'il redevient ce petit con qu'on connaît si bien en ville. Il se redresse, sourire narquois au coin des lèvres, toisant l'agente en face de lui. Il refoule les souvenirs encore frais. Préfère oublier le sang, les cris, les larmes. Préfère oublier l'instant où il s'est dit qu'aller voler de l'argent chez Monsieur Johnson serait une bonne idée. Préfère oublier que son flingue qu'il pensait pas chargé, l'était en réalité. Préfère oublier le bruit assourdissant de la détonation, l'effet de recul sur sa main mal assurée. Putain, il a tiré sur monsieur Johnson ! Il ose même pas demander s'il va bien, préfère jouer les fiers, le menton bien haut. « Cette fois, ça va être la prison, McKenzie. » La sentence est la bonne. Condamné, c'est trois ans qu'il va perdre derrière les barreaux.



Il parle pas. Pas un mot. Pas un son. Le nez plongé dans son assiette, il dévore son contenu comme un morfale qui n'aurait pas mangé depuis trois ans. Et c'est un peu cette impression qu'il a. Trois ans passés derrière les barreaux. Emprisonné pour un crime qu'il a été assez con pour commettre. Il a plaidé coupable, de toute façon il avait pas trop l'choix. Le vieux Johnson s'en est tiré, une jambe désormais paralysée, mais il respire encore. Un maigre soulagement pour Asher, qui parle jamais de ce qu'il a vécu en prison. « Ça peut pas durer comme ça, Asher. La voix de sa mère se fait à peine entendre, légère, discrète. Comme si elle avait peur que son propre fils ne s'attaque à elle, comme un animal sauvage, imprévisible. Je t'ai trouvé un travail. » Toujours ce petit filet de voix, comme pour ne pas le brusquer. Le brun arque un sourcil, la fourchette stoppée en pleine ascension à sa bouche. C'est pas qu'il a pas envie de bosser, mais sa fierté mal placée en prend un coup right now. Sa mère, chez qui il est obligé de vivre à nouveau, vient de lui trouver un job, lui qui en est tout bonnement incapable. Putain, t'es vraiment qu'un déchet Ash. Il aurait presque envie de renifler l'échec de sa vie, mais il sert les dents et repose son service sur le bord de son assiette. « Et c'est où ? » Elle lui dit que c'est chez son ami Malcolm, le propriétaire d'une boutique de sport. Il va pas s'en plaindre, il en aura pas le culot, pas cette fois. Pourtant pour seul remerciement, il se contente de recommencer à manger, en haussant des épaules. Le silence se fait à nouveau pesant, alors qu'il termine son repas, sous l'œil bienveillant, mais en même temps méfiant, de sa mère. « Merci, m'an. » Elle a l'impression de retrouver un gosse, il est juste un peu plus grand, mais il a toujours ce même regard, alors qu'il se penche sur elle et pose un pudique baiser sur son front. Asher n'a jamais été démonstratif, alors ce geste, madame McKenzie elle a l'impression que c'est une promesse qu'il va faire son possible pour s'en sortir.

Mouah, toi je t'aime déjà. J'aime énormément ton personnage.

Asher McKenzie a écrit:

orientation sexuelle Հ Y a que les seins, y a toujours eu que les seins qui ont compté pour Ash. Les queues des autres types, ils ont plutôt intérêt à les garder dans leurs futals, ou il risque de pas apprécier le Ash... clairement homophobe qu'il est. Petit hétéro à l'esprit un peu trop étriqué.

j'adore j'aime ta façon d'écrire. C'est avec plaisir que je te valide.

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